ENS-LSH, 15, Parvis René-Descartes,
69 007 Lyon Métro Debourg
Mercredi 9 avril (9H30-17H30) (Salle F101)
Journée d'études « Aspects de la poésie L=A=N=G=U=A=G=E »
sous la direction d'Isabelle Alfandary (Lyon 2)
La poésie L=A=N=G=U=A=G=E du nom de la revue publiée par Bruce Andrews et Charles Bernstein de 1978 à 1982, est apparue aux Etats-Unis à la fin des années 60. Inspirés par la tradition moderniste, notamment par la poésie de Gertrude Stein et de Louis Zukofsky, les poètes dits « language » ont développé une poétique centrée sur la question de l'écriture, délibérément hostile à l'émergence de la voix dans le cadre d'une critique post-structuraliste de la notion d'auteur et de subjectivité. La poésie L=A=N=G=U=A=G=E est une poésie qui ne se conçoit que dans la dimension de l'écriture. Rhétorique et processuelle, l'école « Language » procède d'une réflexion post-wittgensteinienne sur la langue, sa structure, le champ de ses possibles. La poésie L=A=N=G=U=A=G=E ne constitue pourtant pas un mouvement organisé mais recouvre des poétiques multiples dont la journée que nous proposons tentera de donner un aperçu jusque dans ses développements les plus contemporains. La disparition du référent, l'asyntaxisme, le jeu sur la matérialité du signe mettent en question la vérité de la signature poétique, l'existence d'un moi lyrique. Cette mouvance poétique a à cœur de contester certains des présupposés poétiques post-romantiques les plus universellement admis. Les poètes « language » font de l'écriture poétique le lieu d'une critique en acte du poétique.
Ce travail engage aussi une politique du langage dont il s'agit d'exhiber tout ce qu'il véhicule d'une "marchandisation" de l'expression ordinaire. Si la notion wittgensteinienne un peu galvaudée de "jeu de langage" est reprise par les théoriciens-praticiens de la mouvance L=A=N=G=U=A=G=E, c'est d'abord parce que ces jeux s'inscrivent et s'entrechoquent au sein de l'espace public de la cité conçu comme homogène à l'espace textuel en tant que lieu consenti d'un agon entre ces clichés dont le "disque-ourcourant" (Lacan) fondateur de l'ordre social est tissé. De cette confrontation le poète à la mode bernsteinienne se pose en clownesque maître de cérémonie, parodiant la ventriloquie des Romantiques pour mieux déployer des "conventions esthétiques alternatives" qui soient aussi des "formations sociales alternatives".
Reste à savoir si l'ambition politique ainsi affichée est compatible avec le projet littéraire qu'elle prétend informer. "Mettre l'accent sur un éventail d'écritures qui se focalisent d'abord sur la langue et les modes de constitution du sens, qui ne tiennent pas pour acquis le vocabulaire, la grammaire, le procès, la forme, la syntaxe, le programme, le thème": ainsi se définirait selon Bruce Andrews la méthode qui aurait présidé au premier regroupement des poètes L=A=N=G=U=A=G=E-méthode assez vaste pour "élargir le champ social du possible [...] en remettant en scène les modalités selon lesquelles sens et valeur, dans la langue, reposent sur le travail arbitraire du signe, mais aussi sur le travail systématique de structuration de l'idéologie et du pouvoir." Dans cette journée d'études à destination des élèves de l'ENS-LSH, notamment aux participants du séminaire de Jean-Marie Gleize, aussi bien qu'à celle des étudiants de l'Université de Lyon 2, notamment aux participants du séminaire de poésie américaine d'Isabelle Alfandary il pourra aussi s'agir d'interroger la tension qui habite un tel projet d'écriture, entre risque de "fétichisation" de la lettre, selon la formule un peu sceptique de Fredric Jameson, et mise à nu de la langue comme construction de pouvoir.
Ce travail engage aussi une politique du langage dont il s'agit d'exhiber tout ce qu'il véhicule d'une "marchandisation" de l'expression ordinaire. Si la notion wittgensteinienne un peu galvaudée de "jeu de langage" est reprise par les théoriciens-praticiens de la mouvance L=A=N=G=U=A=G=E, c'est d'abord parce que ces jeux s'inscrivent et s'entrechoquent au sein de l'espace public de la cité conçu comme homogène à l'espace textuel en tant que lieu consenti d'un agon entre ces clichés dont le "disque-ourcourant" (Lacan) fondateur de l'ordre social est tissé. De cette confrontation le poète à la mode bernsteinienne se pose en clownesque maître de cérémonie, parodiant la ventriloquie des Romantiques pour mieux déployer des "conventions esthétiques alternatives" qui soient aussi des "formations sociales alternatives".
Reste à savoir si l'ambition politique ainsi affichée est compatible avec le projet littéraire qu'elle prétend informer. "Mettre l'accent sur un éventail d'écritures qui se focalisent d'abord sur la langue et les modes de constitution du sens, qui ne tiennent pas pour acquis le vocabulaire, la grammaire, le procès, la forme, la syntaxe, le programme, le thème": ainsi se définirait selon Bruce Andrews la méthode qui aurait présidé au premier regroupement des poètes L=A=N=G=U=A=G=E-méthode assez vaste pour "élargir le champ social du possible [...] en remettant en scène les modalités selon lesquelles sens et valeur, dans la langue, reposent sur le travail arbitraire du signe, mais aussi sur le travail systématique de structuration de l'idéologie et du pouvoir." Dans cette journée d'études à destination des élèves de l'ENS-LSH, notamment aux participants du séminaire de Jean-Marie Gleize, aussi bien qu'à celle des étudiants de l'Université de Lyon 2, notamment aux participants du séminaire de poésie américaine d'Isabelle Alfandary il pourra aussi s'agir d'interroger la tension qui habite un tel projet d'écriture, entre risque de "fétichisation" de la lettre, selon la formule un peu sceptique de Fredric Jameson, et mise à nu de la langue comme construction de pouvoir.
Programme de la journée
Ouverture 9h30 : Accueil des intervenants.
10h : Isabelle Alfandary (Lyon 2). « Parler, écrire et parler dans la poésie de David Antin ».
10h45 : Lacy Rumsey (ENS-LSH) . « Réception de la Language poetry »
11h30 : Abigail Lang (Paris VII) « Poétique de la traduction »
12h30 : Déjeuner
14h : Christophe Lamiot (IUFM Rouen) "Baby, LANGUAGE, Carla Harryman"
14h45 : Noura Wedell (ENS-LSH) « Leslie Scalapino : Syntactically / Impermanence »
15h30 : Pause
15h45 : Table ronde
1 comment:
I loved this post and this blog.
Have a nice day.
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