Sur un toit de vent
Que t’est le bouclier de tes seins
Quand ma flèche t’abat comme un vautour
L’haleine des grands bois dépouille le dieu neuf
Et me voici nomade
Libre des défroques empruntées
Chargé du legs sans partage
J’arrive primitif du fond de moi-même
Que dis-tu du beau nu dans l’arène
La mer n’englobe cet élan
Près de l’arbre mûr pour l’abandon
Si ta main indique la seule étoile
Je bois la coupe du ciel
Dans la défaillance de ta chair
Ivre comme une voile en partance
N’attends le mot qui brise
Je rejette l’éloquence des feuilles en l’air
Crains la richesse du sphinx
Qui bondit
Hirsute
Dans l’or décadent des âges
Le vent des clartés lointaines
M’embarque pour le vertige sans issue
La barque vogue sur la danse des joies
D’une lune qui luit tes cuisses écartées
N’objecte la préséance de nul carquois
Sur le bord des vagues rebelles
Je dis que le fruit tombera
Dans le creux d’ombre de tes mains d’attente
Si fragiles qu’elles sont rire de gosse blessée
Pourquoi l’armoirie au front des nuits
Quand bourrasque le rythme de l’éphémère
L’écueil de ma vie
C’est la flamme de ta hanche
Qui s’enhardit aux horizons
L’aube pâlit la grâce des jeunes dents
Reconnais le pouvoir de chaque fenêtre
Rayant le désert d’une âme qui s’affronte
Le lambi somnambule sur la table
Crie l’alléluia d’une gueule sans gêne
Qui heurte la pâmoison des corps
Je vois des lendemains qui flambent
De tous les jets d’eau du monde
Fantasques comme des miroirs
Et je t’entends partir aux cascades des faunesses
Parmi ces champs dressés comme le glaive de ton sexe
Qui vive?
L’image d’Haïti me saute à la gorge.
À l’intérieur, la famine, la peur, la corruption, l’impuissance, "la flétrissure amère de la seule égalité du désespoir."
À l’extérieur: le traditionnel "panier à crabes," la désunion savamment entretenue par l’ennemi, les querelles fratricides des uns et l’indifférence coupable des autres – en plein cœur de notre exile, l’arrogance impunie des "macoutes."
Vision fantastique où l’absurde chevauche l’horreur.
Là, le pouvoir flotte et pas de main pour le saisir.
Ici, pas de pouvoir mais mille mains s’acharnant à en attraper l’ombre ou le fantôme.
Voici pourtant, déjà perceptible, la face cachée de la réalité:
dans le silence des “mornes” d’Haïti, un géant dort dont le réveil sera terrible:
dans “la nuit et le brouillard” des rives étrangères, des consciences s’éveillent, des mains se cherchent, des cadres se préparent puis, peu à peu, se mettent en place.
Soudain, le sombre éclat des armes...
L’avenir est à gagner par de durs combats et des sacrifices qui n’excluent pas celui de la vie car une voix ancienne lance à nouveau le mot de passe:
Si tu veux vivre pour une cause
il faut être prêt à mourir pour elle.
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