12/22/06

LIBERTE, LICENCE, ILLISIBILITE POETIQUES

Colloque international

Département des Études françaises et francophones, Université Point Loma Nazarene, San Diego, Californie, USA
Du 31 janvier au 3 février 2008


Esprit de la manifestation

Ce colloque propose de réfléchir à l’épineuse question posée par la création poétique française et francophone des XXe et XXIe siècles" : celle de sa réception. Il s'agit d'un colloque de 4 jours auquel ont été conviés quatre poètes invités d’honneur. Ils ont déjà donné leur "oui" chaleureux : Michel Deguy, Jean-Marie Gleize, Christian Prigent et Nathalie Quintane.

Argumentaire

C’est un fait: le texte contemporain, quand il est qualifié de « moderne » et de « poétique », est régulièrement accusé d’illisibilité. Pas seulement par le grand public, mais aussi par un public cultivé d’amateurs plus aventureux. Qui lit réellement les poètes de la seconde moitié du 20e siècle et a fortiori les poètes vivants: Deguy, Gleize, Prigent, Quintane, Bernstein, Federman, Game, Joris, Portugal, Rothenberg, Sekigushi, Charnet, Christment, Etienne et autres Alféri, Depestre, Fourcade, Guyotat, Hocquart, Stefan , etc.?

On touche ainsi à l’un des paradoxes de la production moderne, poétique au sens large du mot. En effet elle passe pour périmer la transmission des formes littéraires qui la précèdent alors qu’elle peine elle-même à ne pas être mort-née, privée de visibilité et de lisibilité, c’est-à-dire privée de cet espoir vital de la transmission.

Il a paru intéressant de creuser les raisons de cette illisibilité. On pourrait, évidemment, invoquer des conditions socio-économiques motivant des politiques éditoriales de plus en plus désastreuses. Cela ne suffirait pas à expliquer pourquoi, malgré des collections grand public (comme celle de Gallimard/Poésie en France) et autres « Printemps des poètes », le texte poétique très contemporain est accusé d’obscurité et de difficulté.

L’illisibilité dans laquelle le public (grand ou pas) confine les plus récentes créations poétiques (ou assimilées) semble assurément la conséquence de l’énorme prise de liberté esthétique, rhétorique, linguistique, philosophique par laquelle leurs auteurs s’affirment, soit comme « poètes », soit comme « modernes », soit encore « à l’avant-garde « de la rénovation littéraire.

C’est pourquoi interroger l’illisibilité du texte contemporain conduit à explorer les marges de liberté prises par ces auteurs. À partir d’où et jusqu’où choquent-ils le goût académique, fixé par la tradition scolaire et universitaire ou par l’air du temps et la mode?

C’est aussi interroger les moyens concrets de ces prises de liberté : en s’émancipant hors de la langue maternelle ? En usant de langues scandaleuses ou considérées comme sous langues? En convoquant un intertexte sulfureux, au plan moral, idéologique ou philosophique? En convoquant un intertexte si périmé par le goût du jour qu’il en serait illisible ? En mobilisant d’autres domaines de l’activité intellectuelle, par tradition, étrangers à l’art et/ou à l’art des mots?

De pareilles productions émaneraient d’un besoin prioritaire du « différent » avec lequel ces créateurs entrent en résonance, par lequel ils exprimeraient leur derridienne différance, plutôt qu’un différend radical?

L’illisibilité de ces textes conduit alors à se demander pour qui précisément ces pages sont rugueuses, obscures, problématiques voire choquantes. L’interrogation change de champ et s’inscrit dans une pragmatique. « Liberté, licence, illisibilité poétiques »: oui, mais pour quel public impliqué/désiré ou refusé par ces créations à contre-courant ou en avant du courant admis? « Liberté, licence, illisibilité »: oui, mais en référence à quel canon impliqué/désiré/refusé, en référence à quelle conception de l’avant-garde ou du moderne, bref en liaison à quel idéal du « littéraire » (on finit toujours par cette question)?

Cet autre champ d’étude invite à de nouvelles considérations : d’histoire et de relativité, bref à poser la question de l’historicisation du jugement accompagnant la réception de cette production littéraire. Telle page, illisible pour les uns, peut s’avérer fort lisible pour d’autres. L’illisibilité textuelle s’apparenterait donc moins à un concept qu’à une pratique mobile et contradictoire qui constituerait aussi son objet, de façon opératoire (comme est opératoire une loi mathématique), à savoir que la réception du poème (ou de telle prose-poème) créerait le texte qu’elle prend en charge. Ces contradictions du jugement lectorial jalonnent toute l’histoire littéraire, depuis l’Antiquité gréco-latine. On peut alors être tentés de se demander quelle formulation propre (s’il en est une) de l’illisible littéraire/poétique se dégage des trente dernières années du 20e siècle et du 21e siècle commençant?

Tout cela pourrait être ramené à cette question : être poète et/ou moderne (aux sens les plus rénovateurs de ces deux mots) conduit-il forcément à être illisible?

Les présentations rapides (en une dizaine de lignes) de vos projets d’interventions (entretiens ou communications) seront à adresser au plus tard pour le 1er avril 2007 aux deux organisateurs.

Si votre propos s’inscrit dans le cadre d’une table ronde ou d’un entretien avec l’un des keynote-speakers ou avec l’un des poètes participant au colloque, il vous sera demandé de le préciser, en sorte de faciliter l’organisation des diverses demi-journées.

Les interventions pourront être effectuées en français ou en anglais. Ce colloque donnera lieu à une publication collective par des Actes. Les lectures-performances de poètes invités et participants seront enregistrées par DVD.

Bénédicte Gorrillot et Alain Lescart

(Sum-up in English)

This colloquium deals with "Liberty/licence in French and Francophone poetry of the XXth & XXIst centuries: for unreadable writings?".

We would like everybody to ask the contemporary poetry as often unreadable, difficult to be received or understood by the public, even by a hight cultured public. Who do really read the modern poets? Deguy, Gleize, Prigent, Quintane and others? Guyotat? Roche? Fourcade? Stefan?

It could be interesting to ask the different reasons of these difficulties: resulting from the poetic choices? a taste for the "different" (maybe the derridian "differAnt" or the "differend"), a need of the chocking, a love for the "other"?

Another question to be asked is "for who" this poetry is unreadable? chocking? sometimes refused?

This implies to discuss about the public that is implied/desired/refused by those texts, about the rhetorical and litterary "canon" that is also implied/refused, and about the idea of "avant-garde" applied — and after all the ideal of « litterature ».

Deadline for submissions: April, 1st, 2007. The paper’s proposals are to be sent to the two organizers; they will shortly explain (in about ten lines) the ame of the possible communication. We may also ask each other to precise if the communication takes place in a panel (names of the other members and of the chair panel) or in a dialogue with one of the poets (keynote speaker or not) present during the colloquium in San Diego.

It will be possible to do your speach either in english or in french : each member chooses the language in the which he's the best at his ease.

The different communications will be published in Acts. The poets’ readings will be recorded in DVD.

Bénédicte Gorrillot and Alain Lescart


Bénédicte Gorrillot
Maître de Conférences à l'Université de Valenciennes
Départ. des Lettres FLLASH
Bat. MAtisse
Le Mont Houy
59313 VALENCIENNES cedex 09
tél : 33+(3)+ 27-51-16-03

6 rue Houdart de Lamotte
75015 PARIS-FRANCE
tél : 33+(1)+45-58-13-01
cell Phone : 33+(6)+21-03-51-83

Dr. Alain Lescart (PhD)
Associate Professor of French
LJML
Point Loma Nazarene University
3900 Lomaland Drive
San Diego 92106
USA
Phone: 619-849-2727

email:alescart@pointloma.edu

No comments: